PULP
- Par asbl-creabulles
- Le 11/06/2021
Scénario : Ed BRUBAKER
Dessin : Sean PHILIPS
Couleurs : Jacob PHILIPS
Couverture : Sean PHILIPS
Dépot légal : mai 2021
Editeur :
Collection : Contrebande
Format comics
ISBN : 978-2-413-03951-8
Nombre de pages : 70
New York, fin des années 1930. Max Winters, la soixantaine, écrit des aventures western pour le pulp magazine "Six Gun Western". Dans sa dernière histoire, ses héros Red River Kid et Heck Randal, deux hors-la-loi que beaucoup perçoivent comme des justiciers en lutte contre des brigands de toutes sortes, envisagent à l’issue d’un dernier affrontement de prendre une retraite bien méritée pour éviter de tomber sous les balles de l’ennemi. Son héros Red sait bien que même s’il est fin tireur il pourrait un jour croiser une gâchette meilleure et plus rapide que lui. Sauf que l’idée ne plaît pas vraiment à son rédacteur en chef. Le magazine doit continuer de mettre en scène des cow-boys intrépides dans des aventures pleines de bagarres et de rebondissements et certainement pas des réflexions sur la retraite…. Il en profite pour annoncer à Max que le magazine devant faire face à une concurrence sévère la direction a décidé une réduction des tarifs. Il ne recevra donc que 120 dollars pour son dernier travail au lieu des 200 espérés. C’est rien de dire que Max est doublement déçu. En repartant, il est témoin dans le métro de l’agression d’un jeune juif, ce qui ne le surprend guère vu les nombreux sympathisants nazis présents à New York. Il prend sa défense mais se fait rouer de coups par ses agresseurs au point de faire un malaise cardiaque, occasion rêvée pour eux de lui dérober son argent. Or, Max avait besoin de cet argent pour assurer à sa compagne Rosa une vieillesse tranquille. Il va devoir recommencer à braquer des convoyeurs de fonds comme il le faisait à l'époque avec son frère et un ami. Il n’a rien oublié car, en réalité, c’est sa propre histoire d’il y a quarante ans qu’il raconte dans les aventures de ses jeunes cow-boys…Mon avis : Ed Brubaker nous offre avec cet album un subtil mélange de western et de polar sur fond de nazisme bien présent à New York à l’époque. Un mélange audacieux mais efficace.
Max est plutôt désabusé face aux difficultés et transformations de la société et regrette ses jeunes années de mauvais garçon – jamais il ne se serait fait aussi facilement rossé à l’époque. Il a vieilli, il a connu des années plutôt difficiles mais reste doté d’une force de caractère incroyable qui va lui être bien utile lorsqu’un "Pinkerton", l’un de ces détectives qu’il met en scène dans ses histoires, va le contacter pas vraiment pour ce qu’il pensait.
Un récit rigoureusement écrit avec de nombreux moments forts et surprenants.Côté dessin, Sean Phillips avec qui Ed Brubaker a très souvent travaillé restitue parfaitement les ambiances et l’aspect sombre du récit.
Au style polar qu'on lui connaît bien et dans lequel il excelle, il ajoute ici des flashes-back western pour illustrer les travaux de Max illustrés avec un trait volontairement vintage et donc typique du genre. C’est très bien fait.
On passe d’un genre à l’autre avec aisance pour une lecture très fluide.
Il en va de même des couleurs réalisées par son fils Jacob Philips, "normales" pour le polar des années 30, en bi ou trichromie pour le Far West avec même des défauts, tâches ou rayures comme sur les vieux films.
Cet album du célèbre duo Brubaker-Phillips, au format comics trompeur puisqu’il contient en réalité 70 pages, est un pur régal.
SDJuan