PROIES FACILES
- Par asbl-creabulles
- Le 27/01/2017
Scénario : Miguelanxo Prado.
Dessin: Miguelanxo Prado.
Couleurs : Miguelanxo Prado.
Edition : Rue de Sèvres.
Dépot légal : Janvier 2017.
Histoire:
Février 2013, un couple de pensionnés se suicide. Mars 2014, scène de crime sur laquelle arrivent l’inspectrice Tabares et son collègue, l’inspecteur Sotillo, encore loin d’imaginer que d’autres homicides seront commis les jours suivants. En effet, chaque jour un nouveau meurtre est constaté avec pour dénominateur commun des victimes qui sont toutes liées au milieu bancaire. L’enquête s’annonce difficile. Les victimes se situent à tous les niveaux de l’échelle sociale et travaillaient dans des banques différentes. A priori, elles ne se connaissaient même pas. S’agit-il d’un tueur en série ou d’un terroriste même si tout semble indiquer que ce n’est pas l’œuvre d’une seule personne? En tout cas, il faut faire la lumière sur ces meurtres au plus vite car de toute manière la panique pourrait s’emparer du public.
Miguelanxo Prado s'essaye à un nouveau genre : le polar. Il prend le parti d’un scénario qui certes ne prétend pas révolutionner le système bancaire mais qui sert de prétexte pour exprimer son mal-être face à cette situation qui est partie d'un fait réel, le suicide de deux petits vieux. Un polar donc mais aussi un état des lieux de la crise vécue par toutes ces personnes âgées qui ont durement économisé durant toute leur vie pour finalement être jetées à la rue du jour au lendemain ou qui ne supportent plus de se faire voler et décident de le faire savoir d’une manière radicale à l’encontre des personnes directement coupables à leurs yeux.
Ce polar s’appuie sur une enquête minutieuse menée de main de maître par les inspecteurs Tabares et Sotillo, relevée par un rien d'ambiguïté dans leur relation professionnelle. Ce soupçon de drague vient d’ailleurs un peu alléger l'atmosphère noire et lugubre liée à cette série de disparitions dans une Espagne en pleine crise de l'immobilier à l’origine d’une vague de suicides et d’expulsions. Son dessin de qualité est criant de vérité et de réalisme. Le choix du noir et blanc sur papier gris agrémenté d’un large éventail de tons blancs et grisés, renforce le côté sombre et tragique du récit, aussi bien les scènes en huis clos pour décrire le travail solitaire d’enquêteur au bureau que les scènes en extérieur dans les ruelles d'une ville galicienne ou dans un hospice auprès de retraités aux visages marqués par le temps. Les personnages sont attachants et on ne peut que partager cette sensation d'injustice. Après Ardalén, un magnifique récit couleur dédié à la mémoire et ses limites (publié en espagnol en 2012 chez Norma Editorial et en français chez Casterman en 2013), Migelanxo Prado nous revient en force une nouvelle fois là où on ne l'attendait pas.
SDJ