Petit Pierre, la mécanique des rêves
- Par asbl-creabulles
- Le 01/07/2019
Petit Pierre, la mécanique des rêves
Scénario : Florence Lebonvallet
Dessin : Daniel Casanave
Couleurs : Claire Champion
Dépot légal : avril 2019
Editeur :
Nombre de pages : 111 + dossier "Le manège inspiré d’un garçon vacher" de Florence Lebonvallet
Pierre Avezard, dit aussi "Petit Pierre", sourd et malvoyant de naissance (du fait du syndrome de Franceschetti-Klein ou Treacher Collins) est un authentique pionnier de l’art brut. Dès son plus jeune âge, il développe une curiosité pour la création et s’amuse à bricoler, au gré de son imaginaire, des formes de plus en plus complexes – des jouets, des automates – jusqu’à construire un formidable manège, chef d’œuvre de mécanique et de poésie.
Le manège de Petit Pierre, moins connu que l’œuvre monumentale du facteur Cheval, qui dédia 33 années de sa vie à la construction d’un palais féerique (voir précédente chronique "Enferme-moi si tu peux" chez le même éditeur), fait partie des anarchitectures (œuvres artistiques d’environnements fantastiques) sauvées de la rouille ou du bulldozer. Lorsqu’il commence son Manège en 1937 dans une étable, c’est pour distribuer des betteraves à ses vaches préférées, mais aussi pour se protéger de la cruauté des autres garçons vachers. Préservé, son Manège est encore visible aujourd’hui à la Fabuloserie, le Musée d’art hors-les-normes (voir dossier de la scénariste Florence Lebonvallet en fin de volume) !
Biographie réalisée par le duo Lebonvallet - Casanave, "Petit Pierre, La mécanique des rêves" retrace avec brio et chaleur, dans un décor de vie paysanne, l’étonnant parcours de Pierre Avezard depuis l'enfance jusqu'à son décès, le 24 juillet 1992.
Mon avis: Le trait vif et spontané de Pierre Casanave (qui semble se spécialiser dans les biographies: Baudelaire, Flaubert, Shelley, Nerval, Jarry, Verlaine, etc.) exprime avec succès les sentiments variés des personnages. Il nous immerge, en douceur, avec l’aide des couleurs bien dosées de Claire Champion, dans le monde poétique et mécanique de "Petit Pierre".
Agréable et amusante approche du singulier de l’Art Brut* et découverte rafraîchissante pour ma part d’un grand méconnu poète de la mécanique féerique.
* Première définition de l’Art Brut donnée par Dubuffet en 1949
"Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe."
Michel