NJINGA - Les Reines de Sang
- Par asbl-creabulles
- Le 23/11/2020
La Lionne du Matamba - Tome 1/2
Scénario : Jean-Pierre PÉCAU
Dessin : Alessia DE VINCENZI
Couleurs : Nurya SAYAGO
Dépot légal : Septembre 2020
Editeur :
Collection : Les Reines de Sang
ISBN : 978-2-413-02221-3
Nombre de pages : 56
Royaume du Ndongo, en Afrique australe, 1617. Le nouveau roi Ngola Mbandi a chargé sa sœur Njinga de le représenter en tant qu’ambassadrice du Ndongo à une conférence de la paix qui doit se dérouler à Luanda, capitale de la possession portugaise, en présence du gouverneur. L’arrivée de cette femme noire à l’air si imposant ne passe pas inaperçue. Au début des négociations, aucune place assise ne lui est proposée, juste un tapis au sol. Njinga demande à l’une de ses suivantes de se mettre à quatre pattes pour lui servir de siège et pouvoir ainsi être à la même hauteur que ses interlocuteurs portugais. Elle refuse aussi de se soumettre à une règle protocolaire l’obligeant à recouvrir son visage de farine pour paraître blanche. Les Portugais comptaient sur la présence du roi, un homme facilement influençable, pour asseoir leur domination sur la région et garantir leurs affaires, le trafic d’or et d’ivoire mais aussi et surtout leur trafic d'esclaves vers leurs plantations du Brésil. Ils se rendent vite compte qu'ils vont avoir du fil à retordre avec cette femme fière et fin stratège qui parle même portugais pour mieux se faire comprendre. Dans son for intérieur, Njinga sait déjà qu’elle va devoir prendre la place de son frère sur le trône pour assurer l’avenir du royaume de Ndongo. Elle ira même jusqu'à se convertir au Christianisme pour avoir plus d’atouts dans son jeu et n’hésitera pas pour résister à l’envahisseur portugais à se rapprocher des Bangalas, réputés cannibales et adeptes des sacrifices humains. Avec la montée au trône de Njinga, la colonisation portugaise en Afrique a du souci à se faire… Mon avis : Depuis 2012 (Aliénor), la collection "Les Reines de Sang" poursuit sa propre histoire en nous présentant le parcours de femmes qui ont réussi à gagner le pouvoir suprême en devenant reines, un peu partout dans le monde. Pour ce nouveau dyptique, Jean-Pierre Pécau nous fait découvrir l’histoire de Njinga Mbandi (1581-1663), future reine du Ndongo et du Matamba qui a marqué l'histoire de l'Angola du 17e siècle. Il nous décrit les stratégies utilisées par Njinga pour préserver l'indépendance du Ndongo et résister aux colons portugais dont on découvre les véritables motivations. Il souligne aussi la place prise par la religion à l’époque.
Dans ce contexte, une femme, qui plus est de couleur, va réussir à briser des tabous en s’imposant face aux hommes pour traiter d’égal à égal avec eux et prendre son destin en main. Non seulement c’est une combattante sachant se battre sur le terrain, mais une femme habile et intelligente qui développe des stratégies politiques, diplomatiques et guerrières, voire davantage en se rapprochant des Bangalas réputés cannibales, afin d’arriver à ses fins, monter sur le trône et s’emparer du pouvoir.
Un scénario captivant de bout en bout, riche en rebondissements où dominent la violence, les coups bas en tous genres, les trahisons et les intrigues, les assassinats...Les dessins d'Alessia de Vincenzi (voir aussi Frédégonde, la Sanguinaire, dans la même collection des Reines de Sang) sont un témoignage fidèle de cette grande reine africaine.
Elle nous fait partager quelques moments de sa vie antérieure et les drames familiaux vécus et illustre parfaitement l'ambiance des négociations avec les Portugais, la tension ressentie et la détermination presque palpable que Njinga manifeste dans les négociations.
Un beau travail sur les personnages, costumes et tenues, des visages expressifs bien reconnaissables, des décors intérieurs et extérieurs soignés et fournis, tout comme les paysages africains.
Très agréable mise en couleurs de Nurya Sayago apportant de la profondeur aux illustrations.
Portrait réalisé par Achile Devéria, National Portrait Gallery 1830
A noter la très belle couverture de cette fascinante et majestueuse reine guerrière ici appelée Lionne du Matamba.
SDJuan