NETTOYAGE À SEC
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Nettoyage à sec
Scénario : Joris MERTENS
Dessin : Joris MERTENS
Couleurs : Joris MERTENS
Dépot légal : avril 2022
Editeur : Rue de Sèvres
Format : Grand format
ISBN : 978-2-8102-0170-9
Planches : 119
L’événement est à marquer d’une pierre blanche.
J’ai acheté et lu une BD d’un auteur que je ne connaissais pas.
À sa parution en avril, la couverture de cet album m’intriguait, m’attirait.
Je le feuilletais, voyais des pages aux couleurs vives, beaucoup de pluie, et ce personnage efflanqué, l’air pas très heureux.
Quand je voulais le revoir dans une librairie, je ne le trouvais plus.
Invendable et retiré des rayons ?
Trop vendu et tirage épuisé ?
De passage au quartier Flagey, la semaine dernière, je me décide à l’acheter dans la librairie du même nom.
Évidemment, je ne le vois pas.
On se calme, on regarde posément, calmement.
Et soudain…sous une grande annotation indiquant : splendeur ! Je trouve le dernier exemplaire dominé par les hautes piles voisines. Maintenant, je sais qui est ce personnage qui semblait seul.
C’est François, le livreur de la blanchisserie Bianca.
Il est seul en effet, il fume, il tousse, il est trempé et il marche, court dans ce vieux Bruxelles des années 60 ou 70 que je n’ai pas connu ou que je ne reconnais pas.
La pluie tombe sans arrêt et il oublie toujours son parapluie.
Jouant toujours les mêmes numéros au lotto, il rêve de gagner et d’offrir le bonheur à Maryvonne, la vendeuse de journaux… son amour secret.
Mais en attendant de gagner, il faut livrer les vêtements nettoyés et propres dans les rues pluvieuses de la capitale et en banlieue…
Joris Mertens est un auteur et artiste flamand de 54 ans. Ce n’est que sa deuxième BD.
Je suppose qu’il écrit les textes en français vu la maison d’édition mais le titre flamand est étonnant : bleek water - eau de javel !Il remplit ses cases comme un peintre. Il semble utiliser la couleur directe ou la palette graphique mais quelle force s’en dégage, c’est inouï.
Son dessin est parfois une ébauche embellie par la couleur mais aussi très fouillé et précis. Merveilleux !
Telle une caméra, il nous montre des vues d’ensemble puis se rapproche de ses personnages pour dresser des gros plans de visages, de bras, de mains…
Voici une seule case sur une page qui fourmille de détails qu’il faut voir dans son ensemble sinon les traits malhabiles apparaissent.
Mais ce fouillis de traits est aussi un langage graphique qui crée une atmosphère, une ambiance si marquantes pour cet album.
Une autre page avec 12 cases en damier.
Encore une avec une grande case verticale montrant un trottoir nimbé de couleurs se réfléchissant dans les pavés mouillés.
L’assemblage des cases de toutes dimensions sur toutes les pages est vraiment de toute beauté et au service de la lecture et du regard.
Je pense parfois à Nicolas de Crécy en tournant les pages mais ici je suis vraiment TRÈS IMPRESSIONNÉ par TOUT ce qu’elles dégagent comme impressions artistiques et ressenti.
Une splendeur ! Oui Frédéric !
NB. Je lis sur Wikipedia que c’est bien un Bruxelles fantasmé des années 60 qui est représenté par Joris Mertens.
M.Destrée