Les Cahiers Japonais
- Par asbl-creabulles
- Le 02/11/2015
Un Voyage Dans l'Empiire des Signes
Scénario, dessin et couleur: Igort
Edition: Futuropolis
Dépot légal: Octobre 2015
Après avoir lu "L'Emùpire des Signes" de Roland Barthes, pris comme exemple les cartes de Brian Eno "Stratégies Obliques" et ensuite nourri des préceptes de vie d'Ekiken, un samouraï à la fois médecin et botaniste, Igort tombera amoureux du Japon, présent en lui en pensée depuis son adolescence. En 1991, son rêve se réalise lorsqu’il évoque l'idée, novatrice selon lui, d'une collaboration entre auteurs nippons et européens devant Yuka Ando, la représentante des éditions Kodansha. En réalité, Katsuhiro Ôtomo et Alexandro Jodorowski sont déjà occupés à travailler ensemble sur ce nouveau concept, mais elle décide de l’inviter au Japon. En 1994, Igort signe son contrat avec un grand éditeur japonais. Sur place, il est logé dans un appartement certes de petite taille, à peine 14m², mais situé à côté du palais impérial dont les jardins majestueux vont devenir son lieu de prédilection pour se promener, dessiner et prendre des notes. Lorsqu’il reçoit le prix Morning Manga Fellowship, il est invité à prolonger son séjour à Tokyo en témoignage de gratitude. Il sera amené à faire des rencontres particulièrement intéressantes avec des auteurs qui deviendront des amis comme Jiro Taniguchi puis, plus tard, Hayao Miyazaki. Durant cette période, Igort s'intéresse aussi au cinéma japonais, notamment aux œuvres d'Hokusai Hiroshigé, ainsi qu’aux cartes postales, aux menkos (cartes à jouer japonaises), aux sumos, en fait à tout ce qui touche à la culture japonaise.
Puis un jour, on lui demande de réaliser quotidiennement 16 pages, une sorte de défi initiatique qu'Igort va relever haut la main non sans peine, incompréhension et parfois colère, mais réussissant à en produire 160 en deux semaines en prenant à peine le temps de se reposer. Retournant chaque année au Japon des années durant, il aura travaillé au total 11 ans pour le marché nippon. Tombé amoureux de ce pays qu'il connaît désormais à fond, Igort nous fait partager cet amour dans un style si particulier mais qui fonctionne à merveille. Tous ses dessins, croquis, récits et notes pris lors de ses séjours au Japon ont été réunis dans cet album paru chez Futuropolis sous forme de "roman graphique", véritable bande dessinée documentaire. Tout se suit, s'imbrique, se mélange dans un récit difficile à résumer car chaque chapitre mérite qu'on s'y attarde.
Ces Cahiers Japonais plairont sans aucun doute à tous les inconditionnels et passionnés du pays du soleil levant mais pas seulement. Ce voyage est prenant, émouvant, souvent didactique sans être rébarbatif. Un véritable hymne à la tradition, à la culture japonaise ancestrale mais aussi à celle beaucoup plus moderne que nous connaissons de nos jours à travers le 9e art dans son format manga. Nous souhaitons vivement faire partager le plaisir de cette lecture et donner envie à d’autres de s’y plonger à leur tour. Rappelons qu’Igort a déjà publié dans un genre plus militant les Cahiers ukrainiens en 2010 et les Cahiers russes sur la guerre oubliée du Caucase en 2012.
SDJ