LE CHÂTEAU DES ANIMAUX
- Par asbl-creabulles
- Le 10/09/2019
Tome 1 : Miss Bengalore
Scénario : Xavier DORISON
Dessin : DELEP
Couleurs : DELEP
Dépot légal : 18 Septembre 2019
Editeur :
EAN : 9782203210035
Nombre de pages : 72
Il y a bien longtemps, les hommes ont construit un château, qu’ils ont ensuite transformé en ferme, plutôt une prison pour les animaux. Puis un jour, les hommes sont partis, laissant seuls dans ce lieu abandonné les animaux qui, devenus libres, ont alors décidé de redonner vie au château et d’en faire une "République". Un conte de fées? Malheureusement non car, aujourd’hui, cette "république des animaux" vit une période sombre. Après le départ des humains, les animaux avaient eu l’espoir de vivre en liberté dans une véritable démocratie, mais une hiérarchie s’est vite instaurée au profit des plus forts qui ont pris le dessus. La république s’est rapidement transformée en une dictature où la tyrannie a régné en maître. A sa tête, Sylvio, un puissant taureau, entouré de sa meute de chiens sanguinaires et violents. Tous les animaux devaient travailler dur pour la communauté et étaient payés une misère pour survivre. Miss Bangalore – Miss B pour les intimes – avait ainsi dû prendre le relais de son compagnon mort à la tâche pour que ses deux chatons survivent. Et c’est le cas de tous les animaux de la ferme. Il y a bien eu des tentatives de rébellion mais elles se sont toutes terminées par des peines de mort et un bain de sang sous la répression du tyran. C’est la venue d’un rat qui va enfin faire souffler un vent d’espoir dans la communauté. Nommé Azélar, ce rat à lunettes promène son petit théâtre de marionnettes ambulant où il raconte des histoires de révolution qui se sont déroulées dans le calme et la non-violence dans d’autres contrées. Ce vent d’espoir mais aussi de subversion résonne vite aux oreilles de Miss B et de César, un lapin qui survit en faisant le tapin.
Mon avis: Xavier Dorison nous propose une version personnelle – sorte de variante puisqu’il fait intervenir de nouveaux personnages – du court roman "La ferme des animaux", le chef-d’œuvre publié par George Orwell en 1945. Une variante dans laquelle la non-violence s’efforce, tant bien que mal, de prendre le dessus sur la brutalité et la tyrannie. Comment faire pour se sortir de la répression et de la peur qui ont depuis longtemps envahi le château et ses animaux? Dorison va trouver dans l’histoire du XXe siècle des exemples et des personnalités qui lui fournissent le terreau si fertile pour nous raconter cette histoire prenante dès la première page, solidement construite et mettant en scène de multiples personnages charismatiques et prometteurs. Un premier tome qui démontre que ce sujet tenait à cœur à l’auteur et qu'il a eu le temps de le laisser mûrir dans sa tête pour en arriver à un tel niveau.
Les illustrations de Félix Delep sont de toute beauté. Une finesse de trait plutôt impressionnante pour un premier album (après avoir illustré Red et Blanco, une histoire de Lewis Trondheim pour le Journal Spirou en décembre 2016). L'auteur se voyait davantage faire carrière dans l'animation. Heureusement pour nous, son style disneyen – il suffit de voir les bouilles et visages sympathiques de Miss Bangalore et ses chatons, la poule Adélaïde, le lapin César, Marguerite et autres personnages de ce récit – a tout de suite plu à Xavier Dorison qui l'a engagé pour cette série prévue en quatre tomes. Un trait fin et dynamique, des personnages hauts en couleurs, pleins d’expression et de vivacité, une richesse des décors et une mise en couleurs harmonieuse font de cet album une véritable pépite à ne rater sous aucun prétexte. L’album est également disponible en version luxe grand format (28x37 cm) avec couverture cartonnée inédite, 80 pages couleurs incluant un cahier graphique et un ex-libris numéroté offert.
La parution de l’album a été précédée de celle de la "Gazette du Château" sous forme de trois fascicules de 24 pages chacun (tirés à 10000 exemplaires + 200 HC numérotés et signés, publiés en avril 2018, janvier 2019 et août 2019) constituant une sorte d’organe de propagande du président Silvio.
SDJuan