LAYLA Conte des marais écarlates
- Par asbl-creabulles
- Le 27/09/2018
Layla - Conte des marais écarlates
Scénario : Jérémy
Dessin : Mika
Couleurs : Alexandre Boucq, Mika & Hamo
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Nombre de planches: 94
Grenoye se souvient de sa rencontre avec Layla, créature aussi belle et sensuelle que dangereuse, lorsque cherchant des champignons pour soulager sa mère malade il s'était retrouvé par hasard dans les Marais Écarlates, ce lieu interdit à tout homme quelque peu sensé. Il se souvient de ce serpent qui l’avait surpris et fait tomber dans cette rivière où le destin avait décidé de le conduire. Il se souvient surtout de cette femme nue au milieu des serpents et portant une pierre rouge au cou. Il se souvient enfin du désir qui l’avait alors envahi. Mais il n'a jamais su pourquoi la créature l'avait épargné. Treize ans plus tard, à Nosgrey, capitale en déclin du royaume de Flyne Yord, Grenoye – qu’on surnomme grenouille – a perdu sa mère et se retrouve à la rue. Il devra sa survie à ses dons de cuisinier qui vont lui permettre de remonter la pente pour vivre auprès d’Édith, son ancienne voisine et amie qu’il finira par épouser, même si son obsession pour Layla ne l’a jamais quitté. C'est à l’occasion de la fête d’anniversaire de Syrénia, la fille du roi Ragnar Falx, que Layla va réapparaître même si Grenoye aurait sans aucun doute préféré la revoir dans d'autres circonstances. En effet, Layla vient d’assassiner le roi qui s'est jeté sur elle pour lui arracher l'Escarboucle, cette pierre rouge source d'immortalité et de puissance, Grenoye s’étant alors senti comme obligé de tuer à son tour pour la protéger et la sauver. Alors qu’il est devenu père de famille et a retrouvé un semblant de vie heureuse, la situation va vite se dégrader car la convoitise de la reine Syrénia pour les nouvelles terres enneigées et sa soif de pouvoir vont venir tout bousculer.
Mon avis: Disons-le tout de suite, avec Layla Jérémy nous offre un premier scénario captivant et réussi. Une plongée dans l'univers du fantastique de la "dark fantasy" qui lui a été inspirée par la lecture du roman de Marcel Aymé "La Vouivre" qui met notamment en scène un personnage de légende, sorte de sauvageonne protégée par des vipères lorsqu’on essaye de lui voler le rubis ornant son diadème. Amour-passion, cruauté, sorcellerie, soif de pouvoir, vengeance sur fond de mythes et légendes sont les maîtres mots de ce récit concocté avec un savoir-faire surprenant, un souci du détail impressionnant, une montée en puissance des plus efficaces. Grâce au héros Grenoye, on découvre les Marais Écarlates où vit la Vouivre Layla, qui peut se transformer soit en créature fantasmagorique et sensuelle soit en serpent implacable et mortel. Elle-même est devenue immortelle grâce à l'Escarboucle, ce joyau suspendu à son cou, qui est en général la dernière convoitise de ceux qui vont devenir ses victimes. Qui ne connaît pas Jérémy Petiqueux ? Jeune coloriste des séries "Murena" et Complaintes des Landes Perdues" au début des années 2000 auprès du prodigieux Philippe Delaby qui nous a quitté bien trop tôt. Puis en 2010 le dessinateur/coloriste Jérémy de la série en six tomes "Barracuda" toujours avec Jean Dufaux au scénario et depuis 2017 le dessinateur de la série "Les Chevaliers d'Héliopolis" avec au scénario cette fois Alejandro Jodorowsky et une mise en couleurs confiée au devenu célèbre Felideus. Et en 2018, Jérémy est de retour avec Layla, un one shot de 94 pages dont il avait le scénario depuis longtemps. Il nous raconte l'amour de Grenoye pour cette créature, sa passion qui ne le quittera plus et le mettra en danger plus d'une fois et remettra en question sa propre vie, ses propres choix. Un innocent entre les mains d'une créature si libre, si indépendante, si forte, si puissante, si impitoyable aussi avec les hommes qui veulent la soumettre ou la déposséder de son joyau. Cela faisait 10 ans que Jérémy voulait sortir ce projet de son placard.
Ayant commencé à apprécier la BD avec Peter Pan de Loisel, sa rencontre avec Mika a été l’élément déclencheur car son style s'approche de l'univers de Loisel et le résultat est tout simplement bluffant. Car au dessin, Mika (qui a notamment travaillé sur les Contes du Korrigan et Les Contes de Brocéliande) nous livre un album d’une grande beauté, avec des décors très réussis et des personnages hauts en couleurs. Le résultat est tout à fait impressionnant, autant les scènes brûlantes ou simplement sensuelles, que celles en forêt ou dans des environnements médiévaux et même les scènes de combat. Mika maîtrise bien ses personnages à commencer par Layla, la femme serpent. La mise en couleurs du trio Hamo, Alexandre Boucq et Mika sert parfaitement cet album qui mérite vraiment le détour.
SDJuan