HARLEM
- Par asbl-creabulles
- Le 07/02/2022
Tome 1 - Harlem 1/2
Scénario : MIKAËL
Dessin : MIKAËL
Couleurs : MIKAËL
Dépot légal : Janvier 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-505-11080-4
Nombre de pages : 64
Harlem, 1931. Queenie tient absolument à préserver ce pourquoi elle s’est battue depuis son arrivée à New York vingt ans plut tôt : la loterie clandestine qu’elle a créée dans le quartier de Harlem. Cette activité prohibée qui lui assure un business florissant lui permet aussi de donner du travail à pas mal de personnes dans le quartier ainsi qu’un petit coup de pouce à d’autres "frères". Mais cette activité suscite bien des convoitises. Se surnommant lui-même "le nouveau king des nombres", Dutch Schultz "Le Hollandais" s’efforce d’élargir son trafic mafieux sur Harlem. Désormais Queenie est devenue sa cible. Elle doit céder son territoire ou travailler pour lui. Aussi, quand une fusillade éclate dans un cabaret qu’elle fréquente, elle n’hésite à s’impliquer personnellement lorsqu’elle reconnaît Schultz. Queenie se lance à sa poursuite avec son ami et amant mais également garde du corps, Ellsworth Johnson. La police rapidement arrivée sur les lieux met fin à la querelle. La tension est palpable entre les policiers et Queenie. C'est toujours la même chose, la police ferme les yeux sur le trafic d'alcool et de drogue tant que ce sont des blancs. Elle monte d’un cran lorsque le chef du détachement au lieu de cibler l'agresseur s’en prend à Queenie, la "négresse française", et à Ellsworth, le "p’tit cerbère à sa mémère" qui malheureusement portait une arme sur lui, un calibre 38. Il est aussitôt embarqué au poste de police. Pour Queenie, c'en est trop, le moment est venu de mettre un terme à cette situation en faisant appel à la presse locale même si elle a conscience que cela va énerver pas mal de monde. La corruption de la police et des institutions politiques et judiciaires de New York tombées sous la coupe des mafieux n'a que trop duré. Et ce Dutch Schultz est bien trop agressif pour qu’elle puisse espérer négocier quoi que ce soit. Queenie va devoir réagir et frapper bien plus fort que d’habitude à présent ! Mon avis : Pour son troisième diptyque new-yorkais, Mikaël nous propose une histoire portant sur la communauté afro-américaine new-yorkaise dans laquelle il fait référence à un personnage de Harlem hors du commun, Stéphanie St. Clair, plus connue sous le nom de Queenie.
Avec ce nouveau récit, on apprend comment, passée de simple servante à femme, elle a tenu tête à Dutch Schultz mais aussi comment elle est arrivée à préserver ses activités clandestines sans demander l’aide de mafieux aussi connus que Lucky Luciano. Elle voulait à tout prix réussir, mais aussi rester indépendante et ne rien devoir qu’à ses propres talents. C’est ainsi qu’elle n’a jamais voulu se lancer dans une relation amoureuse au nom de cette indépendance.
Elle vient de loin et s’est faite toute seule.
L’évocation de son passé égrenée au fil des pages nous éclaire sur sa personnalité. Son origine antillaise, qu’on lui fait sans cesse remarquer au cas où elle l’oublierait. Et surtout elle est une femme dans un milieu réservé aux hommes à l’époque.
La tension se ressent à travers la narration de Robert Bishop alias Bob, qu’il s’agisse de situations dures ou plaisantes.
Un récit passionnant, largement documenté, qui aurait dû s’intituler Queenie mais l’annonce d’une parution portant ce titre ont contraint l’auteur à le renommer Harlem. Mikaël nous régale d’une mise en page dans un style très cinématographique. Il donne le ton en multipliant les aplats noirs, plus nombreux que dans ses précédents albums (Giant en 2017-18 ou Bootblack en 2019-20), pour nous ancrer un peu plus dans l’atmosphère des années 30 et plus globalement dans une ambiance polar, avec un savoir-faire impressionnant sur chaque case.
Le dessin offre une belle lisibilité avec des personnages parfaitement reconnaissables.
Si le scénario contribue beaucoup à créer une ambiance intense, on y plonge totalement dès la couverture où le noir domine et où la reine est déjà superbement impressionnante et intrigante.
Une fois l’album ouvert, on entre dans un polar bien "noir" digne des meilleurs films sur la mafia, la prohibition, la corruption et le racisme.
L’ambiance et l’habillage "années 30" sont largement documentés et bien restitués (décors et costumes). L’ensemble est bien mis en valeur par une colorisation simple mais efficace qui différencie le récit proprement dit et les flashes-back.Un must à ne rater sous aucun prétexte et la première édition est accompagnée d'un cahier graphique.
SDJuan