GOLDEN WEST
- Par asbl-creabulles
- Le 09/01/2024
Scénario : Christian ROSSI
Dessin : Christian ROSSI
Couleurs : Christian ROSSI
Dépot légal : octobre 2023
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-203-22669-2
Nombre de pages : 168
Christian ROSSI offre à ses lecteurs un très bel écrin grâce aux éditions Casterman pour sa nouvelle BD où pour la première fois il est son propre scénariste.
Bercé, charmé, hanté par le dessin du Blueberry de Giraud avec qui il a affûté ses premières armes, il ne pouvait… un jour que se retrouver seul dans ce désert du Sonora où vivent encore quelques tribus indiennes avant d’être parquées par l’homme blanc.
Après Jim Cutlass de Charlier au scénario, western repris des mains de Giraud justement où il peut déjà montrer toute sa dextérité flamboyante dans une gamme plus classique et où certaines planches prouvent un talent égal au maître…
Après W.E.S.T., western plus moderne de Dorison et Nury où la tournure prise par le scénario et une technique de dessin plus expérimentale m’ont fait perdre l’enthousiasme que j’avais au début de la série…
Voici Golden West, raconté par un apache nommé Woan.
Au travers de son récit, prendra vie également Geronimo qui croisera souvent sa route.
Rossi a repris les traits donnés par Giraud dans "Geronimo l’Apache" pour dessiner ce redoutable chef qui ne se rendra jamais et tiendra tête à la suprématie blanche.
Pour Woan, il sera l’exemple à suivre et un modèle de vie.
Première page, un désert de roches, écrasé par une lumière blanche, aveuglante.
Deux cavaliers mexicains sont tués par Geronimo et Woan.
Le récit n’est pas linéaire et il faut être attentif pour suivre tous ces flashbacks sans aucune marque graphique.
Seuls les récitatifs les soulignent.
Ainsi dans les pages suivantes où le ciel est d’un bleu étonnant et tranchant sans aucune nuance, Woan nous apprend l’origine du nom Geronimo adopté par le chef indien lors d’un raid contre des soldats mexicains qui avaient massacré des familles indiennes dont la sienne.
Inès, 9 ans y sera capturée et ne laissera pas Woan, enfant à cette époque, indifférent.
Elle vivra au milieu des indiens avec lui et Chatto son ami.
Qui mourra par sa faute et aura pour conséquence que Woan verra partir la tribu et vivra seul dans le désert.
Christian Rossi le fera grandir rapidement.
Adolescent, il aura la surprise de revoir Inès qui lui apporte un chiot comme compagnon puis repart rejoindre la tribu où elle va se marier.
Le jeune garçon se sentira moins seul, deviendra un jeune homme capable de fabriquer des flèches redoutables qui plus tard seront son signe de reconnaissance.
Il vit seul encore 3 ans dans le désert puis rencontre Lozen, l’indomptable guerrière chihenne, qui seule se défend contre trois mexicains avec l’aide de Woan et ses flèches.
Ils vivront un moment ensemble avant de se séparer puis se retrouver.
Les rencontres seront encore nombreuses.
Les mexicains, les tribus indiennes, la bande de Geronimo, les soldats, les chercheurs d’or, les colons… la tribu de Woan.
Pendant plus de 100 pages, vous aurez un aperçu de l’histoire de l’Ouest vue par Rossi, Woan et Geronimo.
Elle se terminera avec un réalisateur, John Ford tournant Stagecoach [La Chevauchée fantastique] et conversant avec Woan devenu un vieillard aux traits d’un certain Jean Giraud à l’avant-dernière case.
Intervention venue d’ailleurs car le dessinateur déclare ne pas s’en être rendu compte…
Cette grande fresque est servie par un dessin de toute beauté aux gammes chromatiques assez semblables compte tenu du décor minéral.
Mais la teinte dominante varie suivant l’endroit, l’heure de la journée, la saison et l’orientation de la lumière.Parfois des couleurs tranchantes offrent des contrastes soutenus.
Les éléments naturels et les décors sont impressionnants (pages 54, 71, 72, 105, 108, 109, 112, 132…)
La dynamique des cases, l’alternance des silences, des scènes d’actions donnent au récit, une densité remarquable.
Rossi utilise aussi deux techniques dans sa représentation, ainsi il peut se contenter seulement de la couleur ou il la délimite de nombreux traits.
Les points de vue sont très cinématographiques.
Christian Rossi a apporté une nouvelle pierre à l’histoire du western en BD.
Un seul petit reproche dû sans doute au début scénaristique de l’auteur. Il est parfois difficile de comprendre à quel moment de sa vie se trouve le narrateur, d’où il vient et comment il est arrivé là.
M.Destrée