EDGAR P. JACOBS
- Par asbl-creabulles
- Le 17/01/2022
Edgar P. Jacobs : Le rêveur d'apocalypses
Scénario : François RIVIÈRE
Dessin : Philippe WURM
Couleurs : Benoît BEKAERT
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur : Glénat
Format normal
ISBN : 978-2-344-00391-6
Nombre de pages : 148
Je viens de terminer de lire ce livre et déjà me prend l’envie de me replonger dans un autre.
C’est pourquoi je présente aussi l’irréprochable article de Daniel Couvreur, ce qui m’évitera d’écrire une analyse chronophage. <- En bonus, une variante de couverture.
Je préfère vous confier mon ressenti pendant la lecture de ce beau livre.
Les pages de garde présentent le plan de quartiers qu’a fréquentés Jacobs et les maisons qu’il a habitées.
La chaussée de Wavre se voit ornée d’un "s" effronté (WavreS).
Et le numéro 14 n’est pas mentionné à la page 38 mais 40.
Ah, cette ambiance fantasmagorique des premières pages où la pluie est si bien représentée. Une comète traverse un ciel d’encre. Signe prémonitoire! Elle reviendra…
Nous sommes dans un rêve d’Edgar.
Page 12, difficile d’accepter qu’il a seulement 15 ans dans son escapade avec Van Melkebeke dans ce musée du Cinquantenaire.
C’était le 1er chapitre.
Le chapitre 2 intitulé Amours révèle qu’Edgar aime les femmes mais j’avoue que je me suis perdu. Page 22, où il a toujours l’air plus âgé, il parle de Renée qui sort avec un Quittelier. Plus tard il sera amoureux de Jeanne qui est mariée avec Quittelier..!!???
Et parfois les traits de ces dames ne sont pas toujours évidents à reconnaître.
Mais passons et contemplons la superbe mise en scène pages 23 et 24.
La rencontre avec Laudy, très sympathique.
La découverte d’une armure de samouraï dans la vitrine d’un antiquaire du Sablon. L’histoire ne dit pas si c’est celle-là qui sera à Lasne… dommage.
Clin d’œil anachronique à la galerie Champaka page 27.
Je ne savais pas qu’Edgar avait épousé une fille du spectacle.
Quand je lui ai téléphoné fin des années 70, il m’avait dit qu’il venait de perdre son épouse et qu’il était très éprouvé. Je pensais naïvement que c’était la seule et unique.
Dommage que la fin de sa carrière à l’Opéra et comme baryton ne soit pas clairement expliquée.
Ce livre aurait pu contenir le double de pages.
Parfois, j’avais l’impression de rater des épisodes de sa vie.
Chapitre 4, la rencontre avec Hergé qui sera jaloux du succès de Blake et Mortimer et qui mettra des bâtons dans les roues de leur créateur.
D’ailleurs Jacobs évitera de le rencontrer.
Le récit devient plus linéaire et commencent pour notre inestimable dessinateur des années de dur labeur.
Car c’est un orfèvre du dessin. Les moments de détente avec son épouse, ou l’ami Jacques dont on ne parle plus soudain dans le récit, remplacé par Evany venu d’on ne sait où (encore des pages qui manquent) apportent un peu de joie dans les journées d’Edgar qui les passent à dessiner et encore à dessiner en se demandant si ses histoires ne seraient pas trop vieillottes.
N’est-ce pas le propre des grands artistes de souffrir de leur art ?
J’espère qu’il aura quand même eu plus de bonheur que de malheur de cette vie destinée à l’art lyrique et déviée vers la bande dessinée.
Quand on voit ce que des margoulins ont fait de son œuvre par après.
J’espère qu’ils liront cette histoire et que la honte telle une épée de Damoclès pèsera au-dessus de leur tête le restant de leur vie.
Mais il est temps de passer à table, hein Edgar…
"À table! Edgar! C’est prêt!" crie sa chouke. Et notre ami lève sa plume et rejoint Jeanne pour le repas.
Malgré mes remarques pointilleuses, j’ai beaucoup aimé ce récit et je félicite leurs auteurs.
Qui aime bien châtie bien.
C’est tellement beau que je n’en ai pas eu assez. Le départ vers l’infini de ce dessinateur si remarquable ce 20 février 1987 est de toute beauté.
Le livre se termine par le très beau récit de François Rivière de sa première rencontre avec Jacobs.
Et aussi des notices biographiques des personnages qui éclairent certains moments de l’histoire puis une biographie chronologique et enfin les remerciements.
Merci Philippe Wurm et François Rivière sans oublier le fantastique coloriste Benoit Bekaert
Chronique : M. Destrée
Mise en page : SDJuan