BOUDDHA, la VIE DE BOUDDHA
- Par asbl-creabulles
- Le 05/03/2019
LA VIE DE BOUDDHA
Scénario : Osamu Tezuka
Dessin : Osamu Tezuka
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Collection : Tezuka 90 ans
Format : Format Manga
ISBN : 978-2-4130-0906-1
Nombre de planches : 808
Un vieil homme tombe d'épuisement. Autour de lui se regroupent un ours, un renard et un lapin. Chacun d'entre eux veut lui apporter de quoi manger mais le lapin revient sans rien et, à la place, il se jette dans le feu en guise de sacrifice. Le vénérable Asita raconte ainsi l’histoire d’un homme qui deviendra l'égal des divinités et aura des facultés hors du commun. Ce récit arrive aux oreilles des Brahmanes (caste sacerdotale) dont un grand nombre sont fatigués de la vie qu'ils mènent au sommet de la société indienne où se sont installés l'orgueil et la discrimination. La mission de trouver cet homme sera confiée à Naradatta. Parti vers le sud pour trouver sa trace, Naradatta subit l'attaque d'un tigre qui finalement le laisse partir. Lorsqu’il arrive au village, les habitants lui indique une personne qui aurait des facultés extraordinaires mais celle-ci se révélera être un charlatan. Non loin de là, un jeune vagabond dérobe à Chaprah, un esclave, l’étoffe qu’il devait livrer à son maître. S'il ne la retrouve pas, son maître vendra sa mère au plus offrant pour payer sa dette. Chaprah découvre finalement le voleur au milieu de sa bande. C’est un "paria" nommé Tatta, au plus bas de l’échelle sociale, plus bas encore que les esclaves, et dont il faut éviter le contact. L’échange de coups ayant mis Chaprah K.O., Tatta accepte de l’hébeger. Après avoir écouté son histoire, Tatta décide de lui venir en aide. Il faut dire que Tatta a la capacité de transférer son esprit dans le corps d'animaux et les manipuler à sa guise tout en les respectant. Il prendra celui d'un tigre pour sauver la mère de Chaprah mais c'est sa famille qui sera tuée lors d'une attaque des hommes de l'armée de Kosala. Chaprah n'en peut plus de supporter sa condition d'esclave et Tatta ne pense plus qu'à une seule chose: se venger.
Mon avis: Osamu Tezuka est un auteur culte au Japon au même titre que le sont pour nous Européens André Franquin (Gaston), Hergé (Quick & Flupke, Tintin), Edgar P. Jacobs (Blake et Mortimer), Peyo (Schtroumpfs), Jean Graton (Michel Vaillant), Jean Giraud/Moebius (Blueberry), Albert Uderzo (Astérix) ou Francisco Ibañez (Mortadelo y Filemón). Delcourt / Tonkam poursuivent la réédition sous forme d’intégrales des principaux chefs-d'oeuvre d'Osamu Tezuka à l’occasion du 90e anniversaire de sa naissance le 3 novembre 1928 à Tokyo.
Osamu Tezuka est l’auteur d’une œuvre colossale principalement en tant que mangaka et scénariste d'animemais aussi producteur. Après "Ayako" et "L'histoire des 3 Adolf", voici le premier tome d’une série de quatre dans lesquels Tezuka nous raconte à sa façon l'histoire de Bouddha, s’efforçant d’être le plus précis et le plus fidèle possible tout en utilisant des personnages somme toute fantastiques. Il fallait bien un auteur de cette trempe pour arriver à nous conter et nous faire partager une histoire d'une telle richesse, pas uniquement de nature spirituelle. D'entrée de jeu, on découvre des personnages qui ne sont pas forcément proches de Bouddha mais qui, au fil des pages, vont prendre tour à tour une place importante auprès de lui. Et pour Osamu Tezuka, raconter ainsi leur trajectoire lui permet d’aborder et de souligner ce qui va être l’un des sujets phares de ce tome, à savoir les différences et les inégalités sociales et les castes. Tous ces personnages vont progressivement prendre de l’importance et nouer des liens forts. On pourrait craindre d’être déconcerté par cette multitude de personnages et ces divagations du scénario, mais le rythme de la narration et le savoir-faire de Tezuka rendent le récit prenant et captivant même pour un lecteur occidental et, d’ailleurs, on ne réalise même plus le nombre élevé de pages qui défilent sous nos yeux. Même le sens de lecture inversé laisse une impression d’aisance et de fluidité dès les premières pages. Ce qui est frappant aussi, c'est que Tezuka raconte la vie des personnages avec une telle facilité qu'on se ne rend compte qu'à la moitié de l'album qu'on n'a pas encore parlé du personnage central, Bouddha, ou plus exactement du prince Siddharta qu’il est encore à ce stade. Une prouesse en somme ! Vous l'aurez compris, on ne le surnomme pas "dieu du manga" pour rien.
Côté illustration, le dessin d’Osamu Tezuka se singularise par sa simplicité et sa douceur. Le mangaka s’efforce d’accorder son dessin à sa manière d’approcher les différents personnages d’où cette alternance de cases dynamiques ou plus lentes. Ceux qui connaissent Astroboy seront frappés par la ressemblance du personnage créé en 1952 avec celui de Tatta. Mais la ressemblance s'arrête là, évidemment. Sachant que l’on demande généralement aux mangaka une très grande productivité, on se rend vite compte qu’Osamu Tezuka a été un surdoué toutes époques confondues, pour avoir pu nous livrer des pages aussi riches, aussi vivantes, aussi réussies, aussi impressionnantes.
SDJuan