ATOM AGENCY 2
- Par asbl-creabulles
- Le 18/01/2021
Tome 2 : Petit Hanneton
Scénario: YANN
Dessin: Olivier SCHWARTZ
Couleurs: HUBERT, Isabelle MERLET
Editions
ISBN : 979-10-34737-98-7
Dépot légal : Octobre 2020
Nombre de pages : 54
Aux Editions Dupuis, je suis déjà fan d’un autre détective, Jérôme K . Jérôme Bloche (Alain Dodier), pour ne point le nommer.
Voici bien des années, je l’avais déjà été, toujours chez le même éditeur, de Gil Jourdan (Maurice Tillieux), j’y reviendrai.
Et me voici tombé en extase, si je puis m’exprimer ainsi, devant une nouvelle série mettant en scène un jeune détective et sa sémillante agence, dans le Paris d’après-guerre, le Paris exaltant des années 50.
Si Jérôme et Gil sont des détectives français, Atom Vercorian, comme son nom nous le laisse supposer, est d’origine arménienne.
Son père, Tigran, commissaire à la Police judiciaire, ancien résistant, ancien de la 2e DB, est un membre éminent de la diaspora (communauté) arménienne dont les auteurs nous font découvrir les us et coutumes, les traditions hautes en couleurs, au travers de fêtes familiales truculentes.
Cette série est véritablement jubilatoire, elle mêle Histoire, fin du Second Conflit Mondial, aventures policières dans un Paris bouillonnant et populaire, où l’on retrouve les zincs des bistrots, où l’on revit, où l’on fait ribouldingue, où, dans les quartiers chauds comme Pigalle, on tente d’oublier les années de plomb qui viennent de défiler.Capitale française de la guerre des polices, entre P.J. et Sûreté de l’État, des marlous et des fleurs de pavé, de la guerre que se livrent entre eux les truands pour marquer leur territoire, où se mêlent des destins qui se sont croisés puis honnis au gré des événements et des personnalités des protagonistes.
Tigran Vercorian, le commissaire et Paulo Leca, le truand, par exemple, ont été amis dans le Maquis mais ont pris des chemins bien divergents… quoique…
Atom, le fils adoré de son père, est respectueux des traditions et de sa culture d’origine mais souhaiterait malgré tout pouvoir choisir la compagne qu’il aimera, qu’elle soit arménienne ou non !
Il dirige une fine équipe, avec une jolie secrétaire, Mireille (Mimi) dont le chatoyant langage argotique fait irrémédiablement penser à Arletty et un ancien catcheur, Jo « La Toupie », quelque peu diminué par les nombreux combats qu’il a pu disputer mais qui en a gardé tout de même une belle force de frappe et de persuasion.
Atom a deux petites sœurs, deux pestes, deux furies, autant adorables qu’exténuantes.
Je l’ai écrit plus haut, cette série, cet épisode, sont jubilatoires, alliant un savoureux mélange de réalité et de joyeuse fiction, ponctués d’une foule de clins d’œil et de détails que les auteurs s’amusent à nous faire deviner. Quel plaisir d’y retrouver, dans des flashbacks drôlement bien incrustés, des personnages tels que Jean Moncorgé (Gabin) et Jean Alfred Villain-Marais (Jean Marais) qui, jeunes comédiens, ont réellement combattu chacun à leur manière.
Quelle joie aussi de découvrir des figures intégrées à l’enquête mais qui furent des mythes de la BD franco-belge, l’Inspecteur Croûton en Krutonian, mais aussi Gil Jourdan et Libellule aperçus au détour d’une case et même les fameux Pieds Nickelés !
Les dialogues mêlant français, argot, jurons ou expressions arméniens sont délectables à souhait, littéralement savoureux.
Le dessin d’Olivier Schwartz est sec, au couteau, ses tronches sont ciselées, mais ses femmes de petite vertu sont délicieusement et coquinement croquées et Mimi, à qui il ne faut pas en conter, est bien troublante.
Le scénario de Yann est riche, foisonnant, et multiplie les références, encore faut-il les découvrir.
Dans un épisode, pas toujours rigolo en soi, au vu du contexte, on parvient pourtant à rire de gags savamment saupoudrés, gags visuels surtout, l’ensemble est drôlement bien charpenté, on rit, on tremble et parfois on aurait même envie de pleurer.
Je ne saurai sans doute jamais si ce fut volontaire de la part du scénariste, mais on y trouve même une coquille ! Pour tester notre acuité visuelle, notre concentration ??
Nos héros interrogent un personnage qui fut l’amie du « Petit Hanneton » disparu.
Cette jeune femme est devenue guide au Musée de l’Armée.
Elle fait référence à un « soldat américain capturé » et qui a fait des confidences au sujet de la disparue, on peut aisément s’imaginer qu’il s’agissait en fait d’un « soldat allemand ».
Corneguidouille !!
En résumé, un album décapant, décoiffant, développant mille trouvailles, réussissant le mix parfait aventures policières, faits de guerre, humour, tendresse et vacheries, humanité et son contraire.
A recommander, à lire et à relire si vous possédez déjà le Tome 1 (Les Bijoux de la Bégum).
Pour Créabulles asbl
Bernard Defrère
Info Créabulles: Album également disponible en édition spéciale (dos toilé rouge, couverture inédite, tirage limité à 700 ex.) dans les librairies La Parenthèse (Liège), Brüsel (Bruxelles) et Krazy Kat (Bordeaux).